Premier numéro

Last updated on 5 octobre 2019

Homo Imago

C’est avec un immense plaisir et de grands espoirs que nous vous souhaitons la bienvenue à bord d’Exode Cosmic.

Avant d’entamer le processus de décollage, permettez-nous de vous assurer que votre voyage, à destination de l’Univers aux 87 435 mondes, se fera dans les meilleures conditions imaginables.

Comme vous pouvez le sentir, le fauteuil où vous êtes assis est si confortable qu’il pourrait être un nuage dont le moelleux est tout à fait propice à la relaxation de vos jambes et de votre dos. La sensation de pesanteur quotidienne n’a déjà plus aucun effet sur vous et votre environnement immédiat ne se réduit plus qu’à une bulle, légère et calme.

Il flotte par ailleurs une agréable odeur d’herbe fraîche, étrangement parfumée par une pluie sulfurée. Une douce brise porte avec elle les clapotis indolents d’une rivière aux tons pourpres qui s’écoule en méandres sous une végétation luminescente et gigantesque. Le calme feutré est rompu par l’écho lointain des râles et des cris de créatures que l’on devine semblables à cet exobiote. Le spectacle de rubans éthérés qui s’épandent langoureusement dans les airs ainsi que les ombres fugitives et mouvantes qui glissent sur les tapis de roches spongieuses et dentelées suscite en vous une curieuse nostalgie liée à la réminiscence d’un souvenir anodin et bienheureux…

Dans cette quiétude mentale qui vous appartient désormais, vous prenez conscience que ce que vous êtes en train de construire ici est l’un de ces instants dont vous vous souviendrez avec mélancolie.

Vous savourez cette idée et vous réjouissez d’avance des mondes que vous allez découvrir et des rencontres que vous allez faire.

Vous savez maintenant qu’à bord de ce vaisseau votre pouvoir supérieur d’être humain sera traité à sa juste valeur et c’est pourquoi Exode Cosmic est ce qu’il manquait à votre vie.

Vous, Lecteur, savez précisément quelle est la nature véritable de la suprématie humaine et que tout ce qui a été dit auparavant à ce propos n’était que des histoires.

Nous pensions qu’il ne manquait aux animaux que la parole, mais la science a prouvé que tous les animaux d’une même espèce communiquent entre eux ; même les végétaux transmettent des messages, si bien que le langage articulé ou écrit n’a finalement plus rien de très exceptionnel. De même, nous savons que nous ne sommes pas les plus nombreux, ni les mieux adaptés et nous faisons pâle figure à côté d’un tardigrade – ces organismes microscopiques qui ont colonisé toute la surface de notre planète, des plus profondes fosses océaniques jusqu’aux plus hauts volcans, et qui, en cryptobiose, peuvent survivre à des contraintes extrêmes et variées.

Grâce à la méthode scientifique que nous avons inventée et appliquée avec rigueur, nous avons pu reconnaître que nous ne sommes pas ceux qui vivent le plus longtemps, ni les plus forts, ni les plus grands, ni les plus rapides, et les facultés telles qu’apprendre, créer des outils, l’empathie, la conscience de soi et de la finitude, la logique et le raisonnement, ne sont pas non plus notre apanage.

Quant à notre sagesse supposée, la démesure et l’inégalité de nos sociétés, l’intolérance du monothéisme ou encore la brutalité destructrice de nos actes gravés à jamais dans l’Histoire, nous font perdre aussitôt toute crédibilité.

Et finalement, nous devons le reconnaître, la seule chose qui nous différencie réellement des animaux, ce qui fait de nous des humains, c’est notre capacité à nous raconter des histoires.

Le fait est que nous racontons des histoires depuis que nous nous sommes imaginés comme « êtres Humains ». C’est ça, notre superpouvoir : l’imagination.

Certes, la rigueur et l’honnêteté scientifique nous ont permis de briser bon nombre d’histoires que nous racontions sur nous-mêmes et sur le monde, de percer le secret des mystères qui nous entourent et de montrer l’invisible. Et pourtant, elle n’altère en rien notre imagination. Mieux encore, fruit de l’imagination humaine, la science a besoin d’elle. Sans elle, la science n’existerait pas, car en arguant que tout ce qui est possible peut être expliqué, elle affirme dans le même temps que tout ce qui est impossible sera compréhensible.

Et si les histoires que nous nous racontons donnent corps à notre humanité, pour le meilleur et souvent pour le pire, alors les meilleures histoires sont celles qui inspirent nos arts, repoussent sans cesse les limites de notre imagination tout en alliant la rigueur et l’honnêteté des sciences afin de nous pousser à reconsidérer notre vision actuelle du monde à l’aune d’éclairages nouveaux, justes et audacieux.

La meilleure expression de l’Homo Imago, n’est-elle pas la Science-Fiction ?

Attention à l’ouverture des portes, Exode Cosmic décolle et vous embarque vers l’univers impitoyable et déjanté de Sarantuya (p. 9), suivi d’un atterrissage en douceur dans le désert de Fernac en compagnie d’Orvelte, archéologue de la saga Anthropollymie (p. 63), avant de revenir sur Terre jusqu’à la prochaine date de départ.

L’équipe d’Exode Cosmic reconnaît toute responsabilité en cas de divertissement et de réflexion.

Bon voyage.


Un grand merci à tous ceux qui soutiennent le projet au quotidien et apportent leur pierre à l’édifice d’Exode Cosmic. Mention spéciale pour le philosophe et écrivain Frédéric Grolleau de la rédaction du Littéraire.com pour son soutien inconditionnel et ses précieux conseils ; à l’Inventif, expert informatique qui se reconnaîtra, pour son génie et son aide cruciale ; à Valériane Gardian dont la valeur de cette amie ne connaît pas d’égal ; à ma Fox Rox qui embellit ma vie chaque jour davantage ainsi que ma famille et notamment ma tante Cathe ; à Thomas Baudy et Marion Perrin pour leur belle illustration respective ; à la multitude d’auteurs, artistes, scientifiques et intellectuels qui m’inspirent et m’éclairent ; à tous ceux qui lisent, liront et soutiennent Exode Cosmic. À tous, merci.


Sophie Bonin Écrit par :

Créatrice d'Exode Cosmic et auteure des séries Sarantuya et Anthropollymie qui se distingue par son air affable et chaleureux. Son sens aigu des relations sociales et son tact légendaire sont néanmoins ternis par un cruel manque d'humour.

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